La sensation de menace peut être très plaisante à vivre, dans certains cas. Samedi dernier, par exemple, j’ai effectué une séance de conduite sur glace à l’Alpe d’Huez. Et moi qui répugne à prendre le volant à partir du moment où il risque de neiger, j’ai adoré piloter sur la glace de façon sportive en enchaînant les dérapages et les reprises. Ce qui est tout de même curieux, non ? L’homme teste continuellement des activités qui, au quotidien, lui sont pourtant intolérables. Les films d’horreur sont un bon exemple en la matière. Aucune personne raisonnable n’a envie d’être terrifiée au quotidien. Cependant, l’on paye sans problème pour être terrorisé devant un écran. Et l’on déplore même lorsque le film ne nous a pas fait assez bondir ! L’homme du 21ème siècle effectue ainsi délibérément des choses qui, si elles étaient proposées hors d’un cadre spécial, seraient perçues comme une punition ; il désire expérimenter tout cela spontanément, transformer des contraintes en source d’amusement. Ce système est carrément formidable, en fait. Il y a là comme une volonté de ressentir cette émotion que nous éprouvions avant le confort moderne. Et elle est déclinée sous une infinité de formes. De quoi sont remplis les jeux vidéo, finalement ? De défis, de bagarres, de dangers en veux-tu en voilà. Ils offrent la possibilité de ressentir ce qui a disparu de notre réalité : le danger. L’insécurité qui a pendant une grande partie de notre histoire dicté nos agissements est désormais un plaisir ludique et sans conséquence. Cette pensée peut sembler banale, mais elle ne l’est pas tant que ça, au fond. Car elle explique bon nombre de maux de notre société actuelle. Certains voient en effet dans cette évolution ludique une dégénérescence de notre société. C’est ce désaveu qui pousse certains à s’engager dans l’EI : afin de retrouver un monde plus respectable. Il y aurait donc un véritable travail éducatif à effectuer afin de permettre aux individus de comprendre la transformation qui est aujourd’hui à l’oeuvre. L’exercice m’apparaît d’autant plus impératif que l’évolution devrait continuer dans cette direction ! Quoi qu’il en soit, j’ai été enchanté par ce stage de conduite sur glace à l’Alpe d’Huez. Tenez, vous pouvez jeter un oeil au site par lequel je suis passé, si le coeur vous en dit.
